HERBINNOV Pour optimiser les stratégies de désherbage

 
C’est la dernière année d’Herbinnov sous son format actuel. Suite à l’engouement des agriculteurs et des prescripteurs pour ces tests portant sur les stratégies de désherbage, Bayer étendra désormais le concept à cinq régions de France : Nord -Tilloloy (Somme), Est – Magnant (Aube), Centre – Cravant (Loiret), Ouest – Varaize (Charente-Maritime) – Sud/Ouest – Ondes (Haute-Garonne). Ces nouvelles plateformes permettront aux cultivateurs d’étudier ces parcelles témoins sans avoir à traverser la France. En outre, leurs enseignements correspondront mieux aux itinéraires culturaux et aux problématiques pédo-climatiques régionales.

Agir tôt et respecter les doses

Pour cette quinzième année, plus de 250 participants, dont 65 agriculteurs, se sont retrouvés pour échanger, partager, écouter les experts, notamment Harry Strek, spécialiste des adventices et des résistances aux herbicides. À retenir de son intervention : face à la complexité du désherbage et à une législation de plus en plus stricte, il est impératif d’allier chimie et travail du sol. L'expert rappelle que depuis 30 ans, aucun nouveau mode d’action n’a été découvert et que la courbe de prolifération des adventices est exponentielle. En résumé, négliger quelques rares mauvaises herbes est la porte ouverte à leur développement rapide.

Et face à une infestation ou à des adventices bien installées, il est souvent déjà trop tard pour intervenir. Agir tôt et appliquer la dose homologuée se révèlent essentiels dans cette lutte. En effet, une dose réduite risque de favoriser, l’année d’après, l’apparition d’un plus grand nombre d’adventices résistantes. Pascal Boutin, responsable technique betterave chez Bayer, insiste sur les rotations, sur l’intérêt d’avoir une culture de printemps afin de casser le cycle des adventices, et sur, toujours et encore, le travail du sol.

Stratégie de désherbage : retours d’expérience

Cette matinée s'est terminée par les témoignages de quatre agriculteurs ayant rejoint le réseau Capital Propreté Parcelles, venus parler de leurs expériences, de leurs pratiques, de leurs résultats et de leurs échecs dans leur combat contre les mauvaises herbes. Jean-Louis, installé en Moselle, a expliqué que les conditions climatiques limitent son champ d’action : s’il tarde trop, l’humidité dans ses parcelles est telle qu’il n’est plus possible d’intervenir.

Jean-Marie, dans la Marne, est un adepte du faux semis pour réduire le stock de graines adventices au sol. Quant à Thierry, il inclut quinoa et chanvre à sa rotation. L'agriculteur précise que si cette dernière culture n’est pas très rentable, elle a le mérite de couvrir très vite le terrain. Dans le même esprit, la féverole le tente, mais, malheureusement, il n’y a pas de marché.  

Casser le cycle des adventices avec la rotation

L’après-midi était consacré à la visite de la plateforme Herb’Innov. La zone de blé témoin, où n’avaient été menées aucune intervention chimique ou mécanique, était infestée de ray-grass.  En arpentant les parcelles, on pouvait voir les résultats des différents leviers utilisés : rotation des cultures hiver-hiver, hiver-printemps, faux semis, labour, binage. Devant chaque portion témoin, un panneau récapitule la liste des produits de désherbage et la date à laquelle ils ont été employés. À noter : la parcelle de betterave, qui n’a fait l’objet d'aucun labour, ni binage, était relativement propre en comparaison de celle de blé. Ce qui confirme que la betterave se révèle particulièrement efficace pour casser le cycle des adventices. Reste que cette racine sucrière ne peut pas s'implanter partout.   

En conclusion, cette journée a montré qu’il est crucial d’échanger, de partager ses expériences et que face à la complexité du désherbage, il n’y a pas de solution unique, mais des réponses qui doivent être adaptées à la région, la culture, le terrain et les conditions climatiques.